lundi 14 octobre 2013


Un, deux. J’essaie de me rebrancher dring c’est l’heure de sortir de sa jachère les forces ennemies objectent il est un peu tard tout de même vive la dialectique mes doigts tendus écarquillés allo c’est la bouilloire au bout du fil aucun grillage ne m’obstacle plus on ne comprend rien pas vrai : je m’étire. 

Toute la semaine j’ai rangé l’intérieur de mes tiroirs ce qui m’a pris toute la semaine comme le début de la phrase le suggérait déjà, coucou ceci était une intervention du lutin surligneur. Ranger l’intérieur de mes tiroirs est un acte de grand courage j’aimerais attirer l’attention sur ce point, en effet le ratio efforts fournis / bénéfices visibles est nul puisque sauf à passer mes journées à ouvrir puis refermer mes tiroirs pour en contrôler le contenu je dois pour me réjouir de ce nouvel état d’harmonie heureux mais caché convoquer à mon esprit sa très imaginaire représentation, chouette tout est bien empilé aligné classé les post-its regroupés par couleur et les stylos par fonction qu’est-ce que je suis contente même si je ne vois pas tout ça, il faut une grande capacité d’abstraction pour se satisfaire de la pure idée de l’ordre sans l’avoir sous les yeux. Et pourtant. Et pourtant a contrario le bordel interne de mes tiroirs est extrêmement angoissant, savoir qu’il suffit d’en ouvrir un pour que tout s’effondre qu’une cascade de papiers tombe en vrac au sol ou pire dans l’espace qui sournoisement sépare le fond du caisson de bureau et le rebord des tiroirs me terrorise, je n’en fais pas l’expérience mais je sais, je sais que la désorganisation est là tapie et saisira la première occasion pour me sauter à la gorge.

En d’autres termes le désordre à l’intérieur de mes tiroirs me tient à bonne distance du projet de les manipuler, tandis qu’en corollaire le rangement emporte avec lui un déverrouillage mental, l’empêchement tombe le contact est rétabli, interagir avec les tiroirs fait de nouveau partie du verdoyant champ des possibles, même s’il n’y a pas de rapport de cause à effet automatique il ne faut pas rêver non plus. Or dans lesdits tiroirs il y a des trucs écrits qu’il conviendrait de relire dans l’espoir fou si entretemps je ne suis pas enfuie en courant de les transformer en quelque chose comme des trucs écrits mais sérieusement, pas juste cher journal hier j’ai écrasé un escargot par mégarde ; voilà nous y sommes.

Toute la semaine j’ai préparé mes sangles ajusté mes jambières renforcé à coups de latex les bandes de mon élastique, est-ce que je suis prête.

D’une certaine manière, précision superflue comment cela pourrait-il se passer autrement que d’une certaine manière, je suis libre.

Allez courage. 

1 commentaire:

  1. Sans aucun doute, les passages de son auteure sur ce blog (comme le miens d'ailleurs puisque je n'étais pas venu ici depuis près de cent-cinquante ans) s'apparente à la pratique ludique du yoyo.
    Sitôt arrivée, sitôt repartie.
    Je (sou)ris.

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