mercredi 13 avril 2011

Notes du mois de mars  

Je pense le moins possible à la sortie du livre, mais il est tout de même difficile de faire totalement abstraction. D’un autre côté, pourquoi vouloir faire totalement abstraction d’un événement à l’organisation duquel j’ai activement participé ? Pour l’heure, nous n’avons pas réussi à adopter une ligne de conduite claire, et les débats sur la question ont été ajournés.  

Un auteur qui me racontait, on me reproche de proposer dans mes livres un monde noir, un monde triste et déprimant. Et moi, oui mais justement, c’est dans le livre, la noirceur est dans le livre, tu prends en charge la noirceur, dans le réel elle est généralement diffuse, impalpable, et toi, porte-manteau, tu proposes une narratrice qui l’incarne, qui l’assume pleinement. C’est ton travail d’écrivain, et ça n’a rien à voir avec de la propagande pour un monde désespérant. On est toujours tellement intelligent quand il s’agit de donner des conseils aux autres disait ma mère.

Je viens de relire le début de l’un de mes projets de roman. C’était supposé être un machin narratif, une sorte de thriller. Mon roman narratif. Il y a en fait 15 lignes qui tiennent la route. Le reste : au secours.

En chemin vers le salon du livre, je relis le Joueur d’échecs. Parce que c’est un petit livre, que j’avais un petit sac, et que c’était le seul livre qui rentrait dedans. Comme quoi, les choix de lecture, ça tient aussi à ça. Si j’étais une véritable lectrice, je choisirais mes sacs à main en fonction du format des livres que je souhaite lire, et non l’inverse.

La porte d’entrée de mon appartement me surveille et me persécute en permanence, même quand je me place en dehors de son champ de vision son regard inquisiteur ne me lâche pas. Que faire ? La fuite est toujours possible, mais compliquée, et on perd toujours quelque chose dans la fuite.

Je suis mal à l’aise, je ne suis pas assez combative, je vois des attitudes intéressées partout, et inintéressées également, c’est-à-dire que selon le degré d’intérêt que vous présentez, on s’intéresse ou l’on se désintéresse de vous, et en ce qui me concerne je présente assez peu d’intérêt, il n’est pas facile d’être intéressante quand on est surveillée toute la journée par sa porte d’entrée, tout est calculé, je joue le jeu, le je joue mal, je le subis cependant je le joue tout de même, c’est l’information pertinente, céder n’est pas consentir mais qui ne dit mot consent.

J’ai été terrorisée, durant les semaines précédentes, par l’idée d’un livre à écrire que pour des raisons de politique intérieure je ne veux absolument pas écrire. Depuis que j’ai décidé qu’éventuellement il était envisageable de peut-être l’écrire malgré tout du moment qu’ensuite je me promenais en perruque derrière un journal, ça va beaucoup mieux. Comme après un braquage : allo docteur c’est pour annuler le rendez-vous ce ne sera pas nécessaire, mes crises d’angoisse ont complètement cessé depuis je me suis acheté un gilet par-balles.

Mon record personnel à Bubble Trouble est de 748 003. Il y a eu une compétition internationale, dont le lauréat a obtenu 6 374 065 points. Toutefois, le dernier classé est à 777 715. Cela paraît à ma portée.

Je lis beaucoup, je parle peu.
Je m’introduis dans la tête des gens, puisqu’ils ont eu l’imprudence de laisser traîner leurs pensées dans des livres, et je collecte des renseignements sur eux.
Tout peut se lire comme un document autofictionnel.
Exemple : un essai est aussi un roman dont le personnage principal est un universitaire (qui porte le même nom que l’auteur du roman) qui a écrit un essai. L’auteur du roman nous donne à lire cet essai (qu’il a écrit en imaginant quel genre d’essai pourrait écrire son personnage) afin de nous dire quel genre de personnage est le héros de son roman. 

Les jours où je n’ai pas raté ma vie sont rares comme les corbeaux blancs, mais ils existent, mais ils se font rares, écrire deux mais à la suite n’est-ce pas une faute de syntaxe, et puis toutes ces virgules, j’y vois comme le signe d’un inquiétant embourgeoisement discursif, sans doute y a-t-il des causes objectives, mais du coup, paf, je suis encombrée, ce qui m’encombre n’est pas intéressant, il faut s’en débarrasser pour accéder au reste, le reste m’encombre aussi, mais d’une manière différente, et l’encombrement de première couche est si encombrant, je suis si encombrée que je ne peux plus rien faire, j’ai 30 ans, j’aimerais bien être plus claire, mais la honte, vous comprenez : j’ai encore raté ma vie.

Mickaël Vendetta : le tour de France est une télé-réalité sportive (vers 2'30).
Moi : tout peut se lire comme un document autofictionnel.
Éric Loret au sujet de Mickaël Vendetta : une marchandise dont le contenu n'est rien d'autre que son propre message publicitaire (article).
Octavio Paz : Le vrai sujet de la poésie, bien que toujours secret et jamais explicite, est la poésie même (citation).