jeudi 24 février 2011

Petit rattrapage de ces derniers mois.
Fin août - Le texte est terminé.
Fin août - L’éditeur dit oui.   
Septembre - Remise de la version finale.
Octobre - Quatrième et note d’intention.
Décembre - En chemin vers la réunion avec les représentants, note de bas de page il s’agit du moment où l’auteur-cheval vient montrer ses belles dents et sa crinière flamboyante aux parieurs pour les convaincre de miser sur lui, je me perds dans les rues maléfiques du quartier de l’Odéon, j’arrive toute rouge et essoufflée avec mon pull beige le contraste n’est pas très avantageux, résultat perturbée par cette disharmonie chromatique je leur raconte n’importe quoi. C’est-à-dire : tout, sauf ce qu’il y a dans le texte. Genre il y a tant de chapitres et tant de points de vue l’ossature l’architecture la structure ça c’est vraiment essentiel voyez-vous, ah bon je n’ai rien dit du contenu ? POL assis à ma gauche ajoute, ce qui est important à savoir tout de même, ce qu’il ne faudrait pas oublier, c’est que c’est un livre extrêmement drôle, et moi oui oui c’est vrai mesdames et messieurs telle que vous me voyez là ce n’est pas flagrant toutefois je suis positivement spirituelle de l’intérieur, je vous assure.
Janvier - Les épreuves. À la dernière minute, TF repère qu’il y a deux chapitres V à la suite dans la table et donc par voie de conséquence ou plus exactement d’origine, dans le livre aussi. Correction in extremis, personne ne saura que je n'arrive pas à compter au-delà de cinq. 

Un deuxième roman, donc.
Enfin roman, on se comprend.
Mais deuxième, assurément.
Et au mois de mars, avec ça. Un livre printanier. 
Remarquez, ce sera inscrit sur la couverture, roman. 
C’est même moi qui ai fait ajouter la mention.
En effet, étant donné que ce n’est pas moins un roman que l’autre qui était déjà un roman puisque c’était marqué dessus, cela me paraissait s'imposer.

*

Or un deuxième roman, qu’est-ce que ça peut bien être ?
J’ai eu tout le temps d’y réfléchir.

1) C’est une entrée dans une nouvelle dimension géométrique. Parce qu’un point (Tuer Catherine) plus un autre point (VSMT - c’est son nom de code), si on les relie, ça permet déjà de dessiner une droite. Voire le manche d’un balai-brosse.

2) C’est le passage du singulier au pluriel, je ne suis plus l’auteur d’un seul livre unique et orphelin mais de plusieurs, oui de plusieurs, deux c’est déjà le pluriel je vous prie, deux c’est déjà toute une famille, un village, un département administratif, bonjour je suis écrivain j’écris des livres, plusieurs livres, de nombreux livres, quantité de livres, bon d’accord : j’en ai écrit deux.

3) C’est la montée en généralité à partir de deux on peut déjà forger des conclusions élaborer une analyse transversale, désormais j’ai un style une démarche une manière de procéder une vision du monde que dis-je une posture épistémologique et un positionnement clair sur le champ littéraire, je suis une école à moi toute seule.

4) C’est vous avez cru que j’étais une petite rigolote eh bien voyez ce n’était pas un coup d’un soir je remets le couvert et pas qu’un peu, la littérature et moi c’est du sérieux les engagements de longue durée cela ne me rebute pas, vive le mariage !

5) C’est je suis une femme d’expérience qui dorénavant dispense ses bons conseils aux jeunes débutantes, vois-tu poulette j’en suis passée par là moi aussi c’est drôlement pénible je te comprends, cependant écoute simplement la musique du texte comme un coquillage plaqué sur ton oreille, les battements de ton coeur guideront tes mots jusqu’à la lumière, regarde j’ai raté deux fois mon permis de conduire et pourtant j’y suis arrivée.

6) C’est une nette baisse d’intérêt de la part de notre ami Google, 1 970 000 entrées pour « premier roman », et seulement 197 300 pour « deuxième roman » + « second roman » (38 300 + 159 000),  soit une perte sèche de 90%. Là où on peut se consoler, c’est qu’ensuite, globalement, ça continue à baisser (par exemple, « vingt-septième roman » ne récolte que 3200 résultats), sauf pour « dernier roman » (591 000 entrées), toutefois on peut faire remarquer que le terme « dernier » n’étant pas un adjectif numéral, il ne permet pas de déterminer au bout de combien de livres on a le droit d'espérer que quelqu’un se soucie de ce qu’on a bien pu écrire après notre premier roman. 

7) C’est le premier qui n’est pas le premier. Il n’y aura pas de prime au premier roman, pas d’article spécial nouvel auteur, pas de dossier thématique dédié : si le primo-romancier est sexy et vendeur, le deuxio-romancier est juste quelqu’un qui a écrit un livre. Au deuxième, on ne vous découvre pas, vous n’êtes pas une révélation, vous ne faites pas une entrée fracassante en littérature puisque vous y êtes déjà, même si la majorité des gens n’avait pas forcément noté votre présence.

8) C’est j’ai encore pu constater au moyen d’un protocole expérimental des plus sérieux mis en place cet été que dormir une nuit sur deux me rendait verte, je parle de la peau de mon visage, et me donnait la sensation d’avoir une poutre métallique posée sur le front, ce qui est assez fonctionnel au demeurant dans la mesure où cela permet de rester en équilibre, contrairement à la migraine qui a tendance à être asymétrique et perturbe de ce fait la motricité de manière autrement plus handicapante.

9) C’est ma grand-mère qui est persuadée que je vais avoir le Goncourt, elle n’a pas lu le texte mais ce n’est pas grave, elle est sûre quand même.

10) C’est j’ai terminé le manuscrit du premier coup la version finale était la bonne, je n’ai pas cru avoir terminé plusieurs fois, je l’ai écrit très lentement en reprenant beaucoup, beaucoup, mais quand j’ai pensé il est fini, quand je me suis autorisée à penser il est fini, eh bien oui, il était fini. Et ça, vous n’imaginez pas comme c’est une sensation merveilleuse.

11) C’est de graves questions du type, les journalistes qui se sont intéressés au premier, je leur écris quoi, en dédicace ? Juste bien cordialement ça veut dire je te traite comme les autres, alors que tu n'es pas comme les autres, vu que tu as fait un papier sur TC. Cependant, je ne vois pas ce que je pourrais écrire - je vous épargne la liste des options envisagées – et qui ne serait pas susceptible de passer pour une forme de flagornerie. 

12) C’est je suis un peu plus au courant de ce que j’ai voulu faire et je peux dire : je ne pouvais pas faire mieux. Ce qui n’empêche pas le côté s’il vous plaît lecteurs venez rencontrer mon texte il vous attend il vous aime il le mérite, mais en même temps, voilà, je ne pouvais pas faire mieux.

13) C’est il ne me reste plus que 28 romans à terminer avant d’être tranquille, par rapport à 29 de suite je me sens plus détendue concernant la mission divine qui m’a été assignée.
*

Nouveau roman, nouveau blog. Il ne s'agit pas d'un principe général, je ne promets pas de faire pareil à chaque livre. J'avais de grands projets, cependant Blogger n’était pas tout à fait l’outil adapté. Alors c'est du bricolage. Par exemple, la marge ici à droite, j'aurais aimé qu'elle soit remplie jusqu'en bas, mais c'était trop de travail. Et puis il fallait de toute façon changer d’adresse avant le 10 mars. Comme je ne compte pas forcément écrire un roman intitulé CuillèreMurale, on va peut-être pouvoir rester ici un certain temps.